En 2016, la SVMS-SUD avait déposé au Grand Conseil une pétition nantie de 400 signatures d’enseignant·e·s d’anglais du canton pour instaurer un enseignement à niveau en anglais. La remise de pétition avait été relatée par la presse dans 24H et Le Courrier. Devant la Commission du Grand Conseil, la SVMS avait présenté des arguments détaillés (voir ci-dessous). Le Grand Conseil avait classé la pétition.

Les difficultés rencontrées dans l’enseignement de l’anglais en VG demeuraient toutefois. Il y a eu des dédoublements pendant quelques années, puis plus rien. Finalement, le DFJC a décidé de dédoubler une période (sur les trois) par semaine, en 9VG dès 2021, puis en 10VG dès 2022 et en 11VG dès 2023. Ce ne sont pas des niveaux, mais c’est un pas et un investissement important. La mobilisation des enseignant·e·s d’anglais paie.


Audition devant la Commission des pétitions – 16 juin 2016

Une remarque préliminaire : concernant le nombre de signatures, qui semble faible, il faut savoir que, compte tenu de la population concernée (les maîtres d’anglais de l’EO), une très grande majorité ont signé cette pétition, qu’ils avaient appelé de leurs vœux à l’automne 2015

Sur le fond : l’anglais est une branche avec un examen et qui a une relativement forte dotation horaire (3 périodes). C’est une branche instrumentale, c’est-à-dire avec des apprentissages cumulatifs et systématiques (vocabulaire, notions grammaticales) qui, s’ils ne sont pas acquis, empêchent la progression des élèves et laissent les plus en difficulté sur bord de la route.

En ce sens, l’anglais se différencie des autres branches données devant le groupe entier en Voie générale (une vingtaine d’élève) : sciences, géographie, histoire, arts, artisanat et éducation physique, branches dans lesquelles l’enseignement repose nettement moins, voire très peu, sur l’accumulation.

L’anglais est une branche déterminante pour la suite de la formation après l’enseignement obligatoire, au gymnase en particulier mais aussi dans la formation professionnelle. Des élèves qui n’atteignent pas le niveau requis se trouveront en difficulté pour la suite de leur parcours.

Nous avions appelé à voter non à la LEO, pas tellement en lien avec l’organisation prévue, mais parce que l’articulation entre l’enseignement obligatoire et la suite n’était pas pensée ; les événements nous donnent raison puisqu’avec un âge moyen d’entrée en apprentissage à plus de 18 ans, les solutions de transition s’installent dans le paysage. Pas moins de 40 classes de raccordement I devraient ouvrir en août, sans compter les nombreux redoublements volontaires en 11eannée, ce qui signifie bien qu’on instaure progressivement, avec les autres mesures de transition, une école « obligatoire » qui se poursuit au-delà de 15 ans. Quoi qu’on en pense, c’est une réalité.

Le niveau général de la formation de la population dans ce pays et dans ce canton doit s’élever à la fois pour les jeunes concernés mais aussi pour répondre à des exigences de formations qui s’élèvent dans toutes les filières. Cela ne signifie pas que les jeunes doivent tous aller au gymnase et à l’université, mais comme les exigences de la formation professionnelle initiale et supérieure augmentent également, il faut amener à un meilleur niveau les élèves à la sortie de l’enseignement obligatoire.

Que fait-on aujourd’hui pour l’anglais ? Dans le pire des cas, il y a la possibilité de dispenser totalement des élèves de l’anglais, lorsqu’ils sont par trop distancés, mais c’est une échappatoire, qui fait que l’école ne répond pas à sa mission.

Il faut donc renforcer l’enseignement de cette branche, comme cela se fait pour le français, les mathématiques et l’allemand. Le département finance dès l’année prochaine une période (sur trois) de dédoublement en 9e année, c’est un signal positif mais insuffisant.

Il est essentiel de pouvoir diminuer la taille des groupes d’élèves pour l’anglais et de mieux différencier l’enseignement, ce qui n’est pas réalisable devant une classe entière de la Voie générale.

Il y a certes une inconnue tenant à l’effet de l’introduction de l’anglais en primaire, les premiers élèves qui entreront en 9e année avec deux années d’anglais derrière eux arriveront en 2017 et obtiendront leur certificat, si tout va bien, en 2020 ; à ceux qui disent que cela résoudra le problème du décrochage, nous pourrions répondre que l’écart sera encore plus grand entre les élèves en difficulté et les autres puisque cet écart aura eu le temps de se creuser deux ans de plus… Quoi qu’il en soit, nous ne pouvons attendre et des mesures doivent être prises dès maintenant.

L’école à la fois moins cloisonnée ou plus ouverte (c’est selon), tout en étant exigeante, voulue par la LEO, demande des moyens pour que ses objectifs soient réalisés. L’ouverture est certainement là, mais l’exigence, pour l’anglais en particulier ne peut être tenue.

L’enseignement de cette langue à niveaux est la mesure qui doit permettre à la fois que les élèves qui prétendent à des études gymnasiales (école de culture générale, école de commerce) ou à la maturité professionnelle atteignent le niveau requis tout en permettant à ceux qui rencontrent plus de difficultés d’acquérir des bases suffisantes dans cette langue.

 

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